31.12.06

 

31 décembre 2006


Bonne année à tous...

21.12.06

 

21 décembre

Bonjour tous.
Je ne compte pas arrêter mon temps privilégié de création, durant les fêtes de fin d’année.
Je n’ai pas le temps et je suis trop passionnée par tous les accouchements de ma production actuelle.
J’aime bien me faire « Noël » le 14 juillet ou à La Saint Glin Glin, n’importe quel jour quand cela me plaît.
Je crois que « Noël » fait partie de ces choses enfermées dans la malle de ce que je veux occulter, et dont je ne soulève jamais le couvercle.
Il y a beau temps que je suis récalcitrante à ses fêtes obligées, qui sont de grands prétextes commerciaux.
Mais ce n’est pas parce que l’on manque d’appétit ce jour-là, que l’on doit couper la faim et le plaisir des autres, et je vous souhaite de tout mon coeur une belle nuit.
Une grande nuit.
Ma plus grande nuit de noël, est un souvenir d’adolescente.
J’étais pensionnaire « à la République des enfants de Moulin Vieux ».
Ce soir-là, en 1949 ou 50, je ne sais plus trop, il y avait une veillée à l’Auberge de jeunesse de « La Morte ».
Les deux villages n’étaient guère qu’à 5 km de distance, mais pour accéder à La Morte, la route couverte de neige était très « grimpante ».
Tous les enfants, étions donc partis dans la grande nuit froide, sous clair de lune et ciel étoilé.
Nous emportions avec nous skis et luges, crois-je me souvenir, pour redescendre.
Il y avait à l’auberge beaucoup d’étudiants ou de jeunes travailleurs.
Tout le monde avait chanté, raconté des histoires.
Ce fut un si grand plaisir que je n’ai jamais oublié, l’ambiance, et cette nuit étoilée sur les cimes blanches et bleues.
Hier, j’ai réalisé une pièce en grés très lourd.
Je l’aime beaucoup.

18.12.06

 

18 décembre




Ni Danielle, ni l'orange ne sont amères.
Il suffit de savoir les déguster.
Je n'ai pas le temps ce matin de raconter le voyage en train et mes histoires de "Gares" en 1943, je remets cela à plus tard.
Mais je peux parler de mon arrivée en gare Saint Charles en 1945.
Je pense à cette belle performance faite par l'artiste contemporain J.B. au cours de laquelle, il s'est laissé rouler tout au long des grands escaliers blancs…
Je n'ai pas roulé, couchée, le long des escaliers, mais ma descente de ces marches était une découverte impressionnante, pour la petite fille de dix ans que j'étais et qui sortait de sa campagne, et aussi du grand tunnel de la guerre.
Ma mère était venue me récupérer depuis Chaussin dans le Jura où nous étions pensionnaires chez l'habitant, mon frère, ma soeur et moi.
Je raconterai ici ou là, mes grands souvenirs de ces jours post "Libération" avec l'angle particulier du souvenir d'enfant, comme Gulliver chez les géants…
Mon propos ce jour est de faire partager ce moment d'émotion intense, rangé ineffaçable dans ma mémoire, quant à l'explosion heureuse, de tous ces gens qui regagnaient Marseille après un repli dû à la guerre, quand le train a livré la vue sur l'Etang de Berre.
Tous s'étaient mis à chanter, à applaudir, à être heureux ensemble.
Je découvrais tout : l'Etang, si beau, les chants Marseillais, "La Cannebière, en chanson..
Le bonheur des gens !
Samedi et dimanche, m'ont paru longs.
Il me tarde de regagner, mon atelier aux ATN.
De découvrir la dernière cuisson, mes pièces en séchage et de "m'éclater" en réalisant les multiples idées qui envahissaient mon cerveau depuis deux jours.
Rappel : mon atelier est un laboratoire !

15.12.06

 

Vendredi 15 décembre 2006.

Bonjour Antoine.

Je te rassure, je ne suis pas entrain de renoncer à la finalité de notre projet de « Résidence d’Artiste» : investir la façade ville de la Gare d’Aubagne.
Tu sais comme moi, que cette réalisation se fait dans des conditions précaires, puisque aucun contrat n’est préétabli, et qu’en ce sens je suis comme un équilibriste qui espère aller au bout de son projet mais qui ne dispose d’aucune certitude.
On dira que je fais comme si, mais je suis réaliste………..
Ma recherche et le rendu actuel au bout d’un mois et demi, commencent à pouvoir être visualisés, pour moi, comme pour les autres, car je ne savais pas au départ, jusqu’où en la matière allait ma capacité.
Pouvoir y arriver, est magique!
Je suis reconnue internationalement mais sans avoir un statut d’artiste à part entière, semble-t-il, même si certaines avancées ont pu certaines fois se produire, ce dont je rends grâce.
J’ai le privilège de demeurer « Outsider Art ».
J’en assume la difficulté comme l’honneur.
Tout juste la région au sens court du terme local, ouvre la voie de ce que l’on nomme « la reconnaissance ».
Plus loin juste à côté je sens la frilosité.
Pourtant les choses se passent normalement.
Il est bon que les voix s’élèvent d’abord au niveau local pour admettre un artiste du cru.
Je travaille l’argile avec plaisir et folie comme tu peux voir.
Cette situation est un privilège et j’en remercie tous les décideurs.
Je ne l’ai pas dit, mais mes ennuis de santé ce début d’année ont été si graves, que j’ai craint terriblement de ne pouvoir accomplir ce rêve.
Je pense intimement que mon « Gardien du Seuil », avait allumé ainsi, les voyants rouges de la prudence, et de la modestie nécessaires.
L’argile pour les mains, a des vertus incomparables qui associées à l’emphase de la création font que je dépasse mon handicape.
Je ne sais pas si j’ai un jour ressenti un tel bonheur intérieur. Je reste seule et concentrée sur mes créations comme un chercheur dans son laboratoire, comme tu peux, cher Antoine te rendre compte.
J’accomplis ma prise de risque, comme je pense l’ « Artiste » doit savoir le faire. Même le Feu, semble m’adopter, puisque nos cuissons se conduisent parfaitement jusqu’ici, avec mes œuvres de dentelle, comme disait une visiteuse hier.
J’espère que les décideurs quels qu’ils soient, auront à leur tour cette audace nécessaire pour nous suivre.
En l’occurrence, tu peux te battre, toi.
Ta tâche n’est pas facile ni la Leur.

Et j’ai quant à moi un devoir de réserve.
Par contre il est tout à fait normal que je demande à être confortée par un accord contrat, qui envisage la destination de mes réalisations si nous n’obtenons pas la possibilité d’accomplir ce projet comme il est rêvé.
Bien à toi, Antoine.
Danielle.

14.12.06

 

Le potiron


 

13 Décembre 2006

Pierre A. est OK pour être cité nommément.
Il est venu hier matin mettre en route la deuxième cuisson.
Il a porté des échantillons de teintes qu’il avait expérimentées chez lui.
J’aimerais que nous arrivions à trouver des effets plus flashi- flashants.
J’aime les couleurs criardes de Vallauris.
Mais nous attendons les réactions des inclusions de verre dans la terre,
Si cela marchait les oppositions entre les teintes peintes et les effets du verre
donneraient peut-être, un effet escompté.
J’ai fait ce que j’avais imaginé.
J’ai étalé sur une table les pièces détachées d’un même sujet et ainsi pu,
Constituer l’œuvre dans son ensemble.
J’ ai pu ainsi la visualiser et la compléter.
J’aime, mais je la veux plus délurée pour ne pas dire « folle.
Des gens d’ici sont montés jusqu’à moi, hier après midi.
Trois personnes de ma génération dirons-nous !
Le Monsieur était un ancien cheminot qui avait travaillé en gare d’Aubagne.
Cet homme me racontait des histoires du temps passé.
Il racontait Aubagne quand il y avait le marché à bestiaux.
Il disait que c’était à cet effet, qu’il y avait des bistrots, tout autour du Cours Voltaire.
Il parlait des « cochonniers » un peu partout dans la campagne, et des fraises de Beaudinard.
Les temps changent disait-il, sans pour autant être nostalgique.
Il n’a pas eu l’air ahuri, ni révolté, à l’idée que je puisse envisager d’investir le mur de la Gare.
Ni les dames qui l’accompagnaient.
La dame voulait savoir pourquoi la terre que je travaillais était blanche, et si elle avait la même fonction que la terre à santon?
J’ai passé un moment agréable avec ces personnes.

12.12.06

 

Lundi 11 décembre 2006


Daniel a ouvert la porte du four, et dévoilé la première cuisson de biscuit……………
………..Lorsque nous étions enfants, ma petite sœur encore au berceau était très malade et subissait l’obligation thérapeutique de rester allongée sur le dos.
Des gens, avaient offert à ma mère, une poupée en porcelaine pour ma petite sœur.Il faut savoir que pendant la guerre nous n’avions pas de jouets. Je n’avais guère que 6 ou 7 ans, et cette poupée me subjuguait. Ces réalisations blanches, sorties de cuissons, à la fois solidifiées et fragiles encore me replongent en ce temps révolu. Ma mère avait dit que je ne devais absolument pas toucher la poupée, car elle était « en biscuit ».
J’ai vu, beaucoup de gens s’affoler devant les poupées en porcelaine durant ma vie de brocanteur, à cause des valeurs du marché. J’aimais les poupées, en chiffons tout autant qu’en porcelaine, à cause de cette nostalgie.
J’ai traîné toute mon enfance, un livre pour enfants qui avait pour titre: Josette et ses poupées. Il y avait aussi une très jolie et aussi un peu mièvre chanson, dans mon répertoire de petite fille, qui disait: « comme, j’ai trois poupées pour enfants, et un amour de petit chat blanc »……… Cela a fait de moi, une faiseuse de poupées brodées.
Reste, que mon devenir n’a pas fait de moi une religieuse du conservatisme et des sourires angéliques avec bouches fermées ou bien ouvertes des poupées en porcelaine.
Je suis, je l’espère un créateur, et j’ai du sang dans les veines. J’aime faire passer dans mes œuvres mon bouillonnement intérieur. Je n’aurai de cesse, avant d’avoir fabriqué en la circonstance présente une poupée en biscuit. Mon idée conduit si loin, que j’aimerais cette « fille », glorieuse, objet culte de mon village, pour la renommée et le succès de ce dernier. Tout s’est très bien comporté.
J’aime voir la grande table circulaire, remplie à bloc, par toutes les productions accomplies depuis le début de « La Résidence ». Une fois expérimentée la durée de mise en émaillage, je pourrai comptabiliser toutes les pièces produites et faire un plan approximatif, pour la réalisation céramique propre, hors montage réalisation.
Ici je ne suis pas en Amérique, je comprends clairement tout ce qui est dit, mais je ne suis pas capable de traduire le silence. J’ai besoin pour le moins, de connaître la destination de ces œuvres. Je comprends, encore que………. L’incertitude dans laquelle nous sommes, par rapport au projet rêvé, que je soutiens. La façade ville de la gare. Mais je pense que les, ou la situation de remplacement quant au devenir de cette œuvre en cours doit être prédéterminée de façon absolue. J’ai fait aujourd’hui un grand personnage en plusieurs morceaux, tête et abdomen, ventre, bras. Je ferai les jambes demain.
Demain je compte aussi faire un fond en céramique qui s’adapte à cette pièce comme un cadre. Une façon de sertir l’œuvre pour qu’elle fasse un tout. J’avais toutes les idées en tête, avant de partir, mais il était trop tard, pour commencer, ce complément de travail. Heureusement, j’ai recouvert le travail avant de partir car j’ai oublié de faire les trous pour les fixations.

11.12.06

 

La poupée du 10 décembre

 


Les vacances du 9.décembre

8.12.06

 

Bonsoir Antoine

Cet après midi, j'avais le blues.........J'étais seule dans trop de silence.
Je suis partie les larmes aux yeux.
Ma Maison me manque.
"Elle" tintinaillait son glas au-dessus de la Cour de Clastre et le chien voisin hurlait encore à la mort.
C'était une musique belle, mais j'avais l'impression d'être un forçat au travail dans un mauvais scénario de film.
Je n'arrêtais pas de penser à celle ou bien celui qui était entrain d'essayer de gagner le Paradis des disparus.
Cela suggérait un enterrement à la "Corléone"!
Je ne veux pas tintinabuler tant que je n'ai pas un vrai résultat démontré, j'ai trop de respect pour tout le monde!.
C'est dur, car je n'ai pas la liberté de faire ce n'importe quoi qui me vient à l'esprit, chez moi. Et qui marche toujours.
Je m'inflige des contraintes auxquelles personne pour l'heure ne m'astreint.
On me fait confiance.
C'est bien là, la difficulté.
il faut que cela soit hors les normes et en même temps que cela tienne la route et le temps par tous les temps.
Je n'aurais pas de problème à réaliser une façade Danielle Jacqui.
Même en y incorporant des réalisations céramiques.
La difficulté réside dans le fait de vouloir faire une réalisation avec beaucoup de réalisations en céramique pure.
Mon amie Marielle Magliozzi appelle les environnentalistes d'art brut, "des bricoleurs" au bon sens du terme.
Je n'en suis pas d'accord car le bricolage est une chose et l'art en est une autre.
Mais il est vrai qu'il existe un pas que je suis entrain de franchir entre une construction libre de métier, que
je le veuille ou non: en bricoleuse, et les passages obligés d'une technique à respecter.
"Les C" disent que je suis entrain de devenir céramiste!
Je m'en régale d'ailleurs, à ce point que je pense avoir râter ma vie!
C'est la raison pour laquelle je me traîte de Niguedouille et de Courge!
Je trouve ma voie à l'âge de 72 ans!
Je n'avais pas l'extra lucidité de savoir décider ce que je voulais faire à priori. C'est en construisant que je me suis construite.
Je sais que pour gagner mon challenge ce doit être parfait.
Il paraît que nous pourrions avoir la maquette de la gare. Ce serait magnifique!
Je dis nous, parce que P.A, auquel je n'ai pas demandé encore l'autorisation de le citer nommément et qui prend le rôle de conseiller technique pour les cuissons et les émaillages, joue parfaitement le jeu, sur le grand rêve en 3D.
Il est simple, direct, sérieux, compétent.
Le four a été mis en marche hier.
P.A. a fait une cuisson à très basse température pour cuire les plaques neuves du four.
La veille il était venu enduire ces plaques d'une couche de protection.
Ce matin nous ferons la première cuisson de biscuits.
J'ai déjà une avance de biscuits, puisque très aimablement Les C, nos fournisseurs de terre avaient réalisé pour nous une ou deux cuissons.
Daniel va installer pour nous un coin pour les émaillages et les mises en couleur.
Je veux trouver des formes autres, et autrement.
Cette terre très chamottée est bien pour les grosses structures, mais je n'avais pas l'adjuvent nécessaire pour me faire plaisir avec des fioritures.
Chiche, demain je triche!
Je prends de la terre lisse.
J'ai besoin d'avoir une soirée céramistes et architectes, qu'on se le dise dans les sphères du 1er étage!
Demain c'est l'anniversaire de Claude.
Bon anniversaire darling.
Je prendrai du Vouvray en ton honneur.
Avant, de ton temps Clo, c'est moi, qui serait allée à Paris à "La Grand Messe de l'Art Brut". Tu n'aurais eu de cesse que de m'y conduire.
C'était mon réseau, à moi.
Ma gamelle d'outsider de l'art.
Nous n'y allions pas pour "faire les beaux" ou nous relationner, c'était un monde en construction avec lequel nous bâtissions notre aventure.
A présent je suis à la retraite, bien que je fasse tout pour me défendre du retrait.
Je crois que c'est pour cela que j'ai le blues.
Et si Danielle Jacqui n'était qu'une courge!

6.12.06

 

Aujourd'hui, 6 décembre 2006.




La Résidence est commencée depuis un mois.
J'ai réalisé plus de 20 pièces importantes et des pièces connexes pour montage des structures.
J'attends avec impatience le début des cuissons à hautes températures.
Car il paraît que l'expérience pourrait être douloureuse ou surprenante à cause de mes formes très extravagantes.
Surprenez-moi, mais de grâce, rendez-vous compte que cela doit marcher sans interruption si nous voulons utiliser le temps imparti au maximum.
Le four est arrivé..........
Le projet nécessite une mobilisation intense.
Je suis patiente et polie, mais je dois aussi impulser la "locomotive".
Lui donner une énergie.
C'est trop mou et pas assez motivé.
En marche!

 

5 décembre 2006.


La rubrique de mes gares (suite)

Puisque durant "La Résidence" je travaille avec les enfants, et j'ose en formuler le voeu, pas seulement ceux des écoles maternelles, je profite de cette situation un peu privilégiée pour jouer mon rôle de mémoire orale.
Les enfants de tous âges, j’attends vos récits de voyage............
Ma maman, donc recherchée par la gestapo, nous avait mis en pension dans un établissement modèle, mon frère, ma soeur qui était au berceau et moi.
C'était le Centre Hélio Marin d' Anthéor.
Nous étions dans l'un des plus beaux sites de la côte d'Azur, à cause notamment des roches rouges.
Chaque fois que je passe là, depuis, la beauté reconduite et la beauté tout court de ce lieu me font taper le coeur d'émotion.
C'était une construction neuve et superbe.
Il y avait des pavillons et notamment une piscine intérieure incroyable, dont j'ai gardé la vision en bleue et mer et soleil, tant elle était belle.
Je pense que sans doute ma prédilection pour la mosaïque vient de là.
C'était la guerre, et aussi le temps des abus.
Abus du monde des adultes sans scrupules, et nous y mourrions de faim.
Nous étions faméliques et j'en passe de mes souvenirs, couverts de poux et d'impétigo.
On retrouvera je l'espère, un jour, dans les mémoires de ma mère, et dans les "bulletins de celle qui peint" ces souvenirs plus en détail, car ce fut une épopée..
J'en passe pour arriver à ce qui me relie aux gares et aux trains.
Un jour nous avons reçu, tombés du ciel, des milliers de tracts, demandant d'évacuer le centre sous trois jours.
J'ai vaguement le souvenir d'un regroupement, mes co-pensionnaires et moi, sous les lits de l'infirmerie où je me trouvais, aux prémices d'un bombardement, mais il y a si longtemps et j'étais si jeune!
Il faut savoir qu'il y avait à Anthéor un viaduc très important qui reliait le reste de la France à Nice. Une architecture impressionnante et magnifique, en courbe, à flanc de rocher et de village..
Lorsque j'ai accepté de peindre la "Fresque JADE, à Roquevaire" ce mur, je ne sais pourquoi évoquait pour moi, l'ancien viaduc.
Les Anglais avaient donc décidé de le bombarder.
C'était la deuxième frayeur vécue en ce lieu, car nous avions subi quelques temps auparavant, un incendie dans l'Esterel.
Ma mère ne pouvait venir nous chercher par peur de se faire arrêter.
Ce sont donc des braves gens, des chics gens, qui étaient venus nous chercher, non sans risques pour eux-mêmes d'ailleurs, avec leur camionnette et nous avaient ramenés à Nice où ma mère se cachait pour une dizaine de jours.
Ce fut mon premier voyage à l'arrière d'un camion.

4.12.06

 

04 décembre


Dans la rubrique: souvenirs de Gares.
Je ne me souviens pas si ma première "Gare" est lié à ce temps béni de ma prime enfance et à l'un de mes premiers noël, avec en prime un jeu de construction avec lequel on pouvait construire une gare.
Ou bien si La petite "Gare du Sud" de Nice presque en face de laquelle était ma maison avait directement marqué mon imagination.
Ce bâtiment, pour moi qui était toute petite, faisait grand.
Je suis née à Nice dans une jolie maison aux pierres apparentes dont le fronton est surmonté d'un écusson: "Palais Susoni de Santoni".
Nous traversions souvent le grand jardin public, qui était juste en face de la maison et nous nous retrouvions devant la Gare.
Il y a des souvenirs incroyables dans ce jardin.
Les veuves, la tête cachée derrière un grand voile noir.
Les nourrices installées sur les bancs pour allaiter leurs enfants, déjà grands souvent.
Il me semblait que leurs seins étaient considérables.
Il y avait là, ou à proximité, un marché.
Ma mère au début de la guerre attendait qu'il soit tard pour y aller faire ses commissions, afin de pouvoir bénéficier de quelques rebuts à bon compte.
Il a fait très faim à Nice pendant la guerre.
Ma mère me tenait par la main et je disais : j’ai faim.
Une fois n'en pouvant rien, ma mère avait répondu afin que je reste sage: mange ta main et garde l'autre pour demain!
Il faut relativiser et se remettre dans le moment, mais, cela m'est toujours resté.
C'était terrible!
Dans ce jardin il y avait une belle maison, rouge, ou rose dur, me dit mon souvenir. La villa Tiolle, me semble-t-il.
J'y suis venue longtemps après, quand je voulais devenir joaillier comme mon père.
J'avais été refusée à l'école de joaillerie parce qu'en ce temps là les filles n'y étaient pas admises.
C'était sublime!
j'apprenais à faire des croquis côtés, de bague, car j'étais avec les apprentis menuisiers qui en faisaient autant pour les portes!
Je m'étais aussi inscrite à un cours de dessin.
Le professeur qui voulait absolument me faire mesurer les distances avec le manche du pinceau pour me faire dessiner les barreaux d'une échelle au bout de deux séances avait décidé que ce n'était pas la peine que j'insiste tant j'étais nulle!
C'est ainsi que j'ai failli rater ma carrière d'artiste.
Je ne suis pas restée dans cette école car mon père était prude et ne voyait pas d'un bon œil, que je rentre le soir accompagnée des garçons seuls élèves de ce cours pour menuisiers..
J'ai l'air de m'éloigner de la Gare du Sud, mais il n'en n'est rien puisqu'elle faisait partie du paysage.
En 41 ou 42, ma mère a dû changer de département car elle était recherchée par la Gestapo dans les Alpes Maritimes.
Nous avions émigrés à Montauroux petit village dans le Var.
Mes parents étaient séparés alors, et je devais aller chez mon père de temps en temps comme il se doit.
Ma mère me confiait à un voyageur et mon père venait m'attendre à la gare.
Je ne me souviens pas de mes sentiments, était-ce angoissant ou au contraire palpitant, je ne saurais dire.
On perçoit les choses surprenantes comme normales, lorsque l'on est enfant.
Seul est demeuré mon premier souvenir de train et de gare.
La Gare côté envers et intérieur.
je pense qu'il s'agissait de la Gare du Sud.

 

2 Décembre


P.A. devrait être, notre spécialiste et conseiller technique en collaboration peut-être avec une ou deux autres, je ne connais pas encore les détails, pour les cuissons et les émaillages.
Nous avons fait avec lui, lors d'une première ou seconde évaluation plusieurs évocations sur les contraintes techniques et autres, et aussi sur des possibilités créatrices de rêve, qui me font palpiter le cœur.
Par exemple l'alliance possible terre, verre et feu.
Aussi, terre, formes, musique avec le vent !
Nous avons décidé de laisser des trous pour fixations éventuelles dans les pièces.
Parlé des matériaux possibles pour combler les espaces qui resteraient en creux à l'envers selon les formes.
J'ai toujours expliqué, lors des conférences visite de ma Maison que mon « travail » évoluait en deux directions:
La première, en totale rigueur de matériaux, par exemple le fil, pour les broderies, ou la peinture à l'huile pour les toiles. Cela sans adjonction d'aucuns autres matériaux.
La deuxième, plus "récréative", soit par utilisation d'accumulation, les boutons par exemple, ou les bobines, ou les touches de piano, ou les billes.
Ou bien l'intégration fantaisiste d'objets qui me font plaisir, dans du vernis ou de la peinture aussi bien que sur, ou dans un travail de mosaïcage.
La création aux ATN se concentre sur la céramique.
Cette possibilité "Hors Champ", presque hors limite d'âge, qui m'est offerte, "dans les murs" au bout de presque 40 ans de création, de créer avec la terre, est un grand privilège et un grand bonheur.
Cela nécessite une grande rigueur, et un respect des règles auxquels mes habitudes "d'artiste buissonnière", vont devoir s'adapter, tout en n'altérant pas ma diversité créatrice.
La rencontre avec les céramistes m'est un grand plaisir.
J'ai l'impression d'entrer dans une nouvelle confrérie, je fais allusion par exemple à celle des brocanteurs qui a été la mienne si longtemps.
Ces gens, les céramistes, pratiquent un art qui est aussi une science.
C'est un grand honneur de pouvoir les rencontrer.
Hier j'ai travaillé une grosse pièce, avec un pain de terre à grés très chamottée. Très chargée en grains.
C'est plus lourd pour mes mains fragiles, mais jouable pour les grosses pièces.
Nous avons dû à ce sujet prendre des mesures afin de calibrer l'objet par rapport aux dimensions du four que l'on a installé hier.
Cette terre rend plus improbable les fioritures et rajouts comme j'aime pratiquer.
Mais comme le soulignait Antoine, le rendu est plus brut, et pas désagréables du tout.
Je peux même imaginer des pièces ainsi chamottées, en terres colorées qui seraient seulement émaillées, et qui s'opposeraient au travail multicoloré.
Je rêve, je rêve................

1.12.06

 

1er décembre


On croît tout savoir, et l'on se rend compte qu'il y a tant à découvrir, que l'on est une "niguedouille". Et j'ai bien mis un G et pas une autre lettre.
Toutefois lorsque l'on a suffisamment avancé dans la vie on acquiert une forme de liberté d'esprit, car le ressenti de la relativité du temps nous détermine autrement.
Un plus ou moins beau visage, peut devenir un visage beau.
C'est notre conditionnement aux critères qui veut que l'on voudrait rester fidèle à notre peau de bébé ou d'adolescent (e).
J'ai beaucoup de mal avec mon image devenue ou pire encore à devenir.
Mais je trouverais idiot finalement, d'essayer d'en tricher.
Ces vieilles dames d'âge trés avancés qui se présentent comme d'éternelles jeunes filles me désolent.
Il faut oser, et être libre dans sa tête.
J'ai un grand regret par rapport à un "Quelqu'un" disparu récemment.
Je l'avais croisé, sur un trottoir très étroit d'une rue dans Marseille.
Croisé et reconnu.
Et je m'étais imposé une discrétion absolue, pensant que c'était la meilleure attitude.
Je m'en veux.
J'aurais dû lui dire: je t'aime ! en terme de respect pur, et de l'admiration que je lui portais...........

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